Le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite devrait être l’invité d’honneur de notre 14 Juillet national. Lorsque j’ai pris connaissance de cette invitation je me suis demandé si je n’étais pas entrain de faire un cauchemar. Pourquoi ? Qu’est-ce que c’est le 14 Juillet ?
La fête nationale française ou Quatorze Juillet est la fête nationale de la France, qui a lieu chaque 14 juillet depuis 1880. Voulue par Lafayette, elle commémore la fête de la Fédération en 1790. Le fait étant de marquer notamment la fin de la monarchie absolue ainsi que le premier anniversaire de la prise de la Bastille. C’est un jour férié, chômé et payé nous apprend Wikipédia. En clair, c’est LA journée qui commémore pour les français et la Nation le passage de la royauté absolue à la république. C’est donc une fête franco-française en principe. Une fête qui pourrait éventuellement se partager avec des représentants d’autres peuples, d’autres Nations qui auraient eu un vécu semblable. Je pense aux Etats-Unis et à leur guerre d’Indépendance et de libération du joug anglais.
Est-ce que l’Arabie saoudite répond à ces critères ? Certainement pas? Le Roi Abdallah est un souverain totalitaire. Dans son royaume règne une dictature féroce ou le mot liberté n’existe pas. C’est aussi le pays de l’obscurantisme religieux ou la vision de l’islam avec le wahhabisme est la plus rétrograde et la plus dégradante pour les femmes. De plus, ce pays est l’un des quatre exécuteurs les plus meurtriers de la planète. (Chine, l’Iran, L’Arabie Saoudite, l’Irak loin devant les Etats-Unis). On y pratique les exécutions eu publique comme la décapitation, la lapidation, le fouet, etc. C’est donc ce Roi, qui pratique un pouvoir personnel bien plus terrifiant que n’a pu l’être celui de l’aimable Louis XVI. La France républicaine l’invite à notre fête nationale. Pourquoi ?
Parce que notre pays n’est plus celui qu’il fût, il y a bien longtemps. Nous fûmes un grand peuple. Notre Nation fût, il y a bien longtemps, le centre de l’Europe qui fût elle-même le centre du monde. Sans entrer dans la nostalgie inutile et pleurnicharde, je considère qu’un minimum de nos souvenirs, devrait nous interdire de recevoir ce type d’invités dans nos fêtes nationales et singulièrement celle du 14 Juillet. Je n’ose imaginer ce que penseraient nos révolutionnaires sans compter nos penseurs, écrivains et philosophes. De Voltaire à Victor Hugo. Qu’elles en sont les raisons ?
A cette occasion, ce monarque absolu inaugurera l’exposition Routes d’Arabie saoudite du musée du Louvre. Il faut dire que cette exposition est en partenariat avec le pétrolier Total. Ceci expliquant sans doute cela. Pour autant, il y avait d’autres moments pour cette inauguration. Que dois-je en conclure ?
La décadence de la France, celle de mon enfance, celle de la Nation continue. Comment des hommes politiques peuvent ne pas avoir été interpelés par cette impossibilité contraire à notre mémoire. Comment des hommes à la tête de notre pays ne réalisent pas que cette fête nationale n’est pas à vendre. Même si l’Arabie saoudite est, potentiellement, un grand signataire de contrat d’armement et autres. Faut-il que notre pays se méprise pour accepter cela ou pire, ne pas s’en rendre compte.
Quand un pays se méprise à ce point, il y a urgence à réagir. Durant de nombreuses années, notre histoire a été déconsidérée par des hommes qui détestent la grandeur de ce qui fût la France. Notre pays ! Ils n’ont eu à la bouche que la haine de ce qui est français. Être français étant devenu suspect. Fasciste, totalitaire, à bannir du vocabulaire pour le remplacer par le vocable passe partout de citoyen. Citoyen du monde s’il le faut. Ce qui est accepté avec enthousiasme chez d’autres y compris lorsque la mort terroriste est au rendez-vous, est refusé aux citoyens français.
Tout y passe, l’histoire de France est passée à la moulinette de leur jugement binaire. La France de l’esclavage, la France colonialiste, la France collaborationniste, la France négative, etc. Exit la France des lumières, la France des libertés, la France du courage, la France portant les idées révolutionnaires hors de ses frontières. Exit la France des Rois qui firent la France, des Empereurs qui ajoutèrent à sa grandeur, des Républiques qui, jusqu’au général Charles de Gaulle, gardèrent cet héritage. Certes, tout ne fût pas glorieux, tout ne fût pas extraordinaire, tout ne fût pas somptueux dans cette France. Mais le bilan de cette vieille France au regard de ses 1000 ans d’existence ne peut se résumer qu’à des périodes. Qu’importes pour ces hommes, il fallait qu’elle soit rabaissée au rang de paillasse. C’est donc dans cette France que nous vivons. Une France qui reçoit désormais de riches Rois au pouvoir absolu qui font régner le despotisme le plus effrayant. C’est toutes les âmes des grands humanistes français, les philosophes, les combattants pour la liberté, les morts pour cette liberté qui refuseront encore d’assister cette année à cette fête nationale.
J’ai conscience de la dureté du propos. Mais j’aime mon pays. J’aime ce drapeau qui se lève et claque au vent, cet hymne signifiant. Je pense souvent à mon grand-père de 14-18 et à toutes ces femmes et ces hommes qui firent de ce pays l’un des phares de l’humanisme. Je suis horrifié de voir ce drapeau brûlé à Toulouse, de voir de jeunes français défilaient avec un drapeau étranger ou porter des tee-shirts d’allégeance à un autre pays quand ce n’est pas avec une carte de France portant les couleurs de l’étranger. De jeunes français refusant cette nationalité mais n’allant pas jusqu’à mettre leurs actes avec leur amour pour un autre pays. Pourquoi ?
Nous voilà donc avec une jeunesse française et une élite politique qui refusent la France, notre France. De différentes manières certes mais d’une manière désobligeante pour ce pays. Les uns en s’affirmant étrangers et les autres en refusant l’histoire de France et son enseignement. Je pense à cette phrase du général Charles de Gaulle dont devrait plus souvent s’inspirer ces politiques : Une porte a livré passage à tous les malheurs qui frappèrent la France à travers son histoire ; C’est la porte où avaient fui les enseignements du passé !
Cette porte est de nouveau ouverte et aucun Charles de Gaulle à l’horizon qui pourraient faire cesser cette hémorragie de l’enseignement. Ce même enseignement qui nous parle d’une France libre, forte et indépendante, une France qui n’aurait pas abandonné sa souveraineté à Bruxelles: tout système qui consisterait à transmettre notre souveraineté à des aréopages internationaux serait incompatibles avec les droits et les devoirs de la République. Un de Gaulle qui n’aurait pas accepter un Roi absolutiste comme invité dans les gradins de notre 14 Juillet.
Gérard Brazon